Captive – Margaret Atwood

SINTESI DEL LIBRO:
Entre les gravillons poussent des pivoines. Elles surgissent à travers le
tapis de cailloux gris, tandis que leurs boutons, pareils à des yeux d’escargot,
sondent l’air, se gonflent, puis s’ouvrent en d’énormes fleurs rouge sombre,
brillantes et lustrées comme du satin. Ensuite, elles se défont brutalement et
tombent par terre.
Durant cet instant unique où elles vont se défaire, elles ressemblent aux
pivoines du jardin de devant de M. Kinnear, le premier jour, sauf que celles
là étaient blanches. Nancy était en train de les cueillir. Elle portait une robe
claire semée de boutons de rose roses avec une jupe à triples volants et une
capote de paille qui lui cachait la figure. Elle tenait un panier à fond plat où
elle mettait les fleurs ; elle se penchait en inclinant le buste, comme une
dame, en restant bien raide. Quand elle nous entendit et qu’elle se tourna pour
voir ce qu’il se passait, elle porta la main à sa gorge comme si elle était
surprise.
Moi, je baisse la tête quand je marche, je marche au pas avec les autres,
les yeux rivés au sol, et, deux par deux, en silence, on fait le tour de la cour, à
l’intérieur du rectangle que délimitent les hauts murs de pierre. J’ai les mains
jointes devant moi ; elles sont crevassées et leurs jointures sont toutes rouges.
Je ne me rappelle pas les avoir jamais vues autrement. Le bout de mes
souliers pointe en mesure sous l’ourlet de ma jupe, bleu et blanc, bleu et
blanc, ils écrasent le chemin. Ces souliers me vont mieux que tous ceux que
j’ai jamais eus avant.
Nous sommes en 1851. J’aurai vingt-quatre ans à mon prochain
anniversaire. Je suis enfermée ici depuis l’âge de seize ans. Je suis une
prisonnière modèle et je ne pose aucun problème. C’est ce que dit l’épouse
du gouverneur, je l’ai surprise en train de le dire. Je suis très douée pour
surprendre les conversations. Si je suis suffisamment gentille, suffisamment
calme, peut-être qu’on me laissera sortir, après tout ; mais ce n’est pas facile
d’être calme et gentille, c’est comme d’être accroché au parapet d’un pont
alors qu’on a déjà basculé par-dessus. On n’a pas l’air de bouger, on est juste
là, à pendouiller, et, pourtant, ça vous prend toutes vos forces.
J’observe les pivoines du coin de l’œil. Je me rends compte qu’il n’y a
pas de raison qu’elles soient là : on est en avril, et les pivoines ne fleurissent
pas en avril. Il y en a trois de plus, maintenant, juste devant moi, elles
surgissent du chemin même. Je tends la main furtivement pour en toucher
une. Elle a une texture sèche et je m’aperçois qu’elle est en tissu.
Puis, devant moi, je vois Nancy à genoux, les cheveux défaits et du sang
lui dégoulinant dans les yeux. Autour du cou, elle a un petit fichu en
cotonnade blanche imprimée de fleurs bleues, des nigelles de Damas ; c’est
mon fichu. Elle relève la tête et tend les mains vers moi pour demander
grâce ; à ses oreilles, elle porte les petites boucles en or que je lui enviais
dans le temps, mais je ne les convoite plus, Nancy peut les garder, parce que,
cette fois, tout sera différent, cette fois, je courrai l’aider, je la relèverai et
j’essuierai le sang avec ma jupe, je découperai un pansement dans mon jupon
et rien de tout ça ne sera arrivé. M. Kinnear rentrera dans l’après-midi, il
remontera l’allée, McDermott emmènera le cheval, M. Kinnear ira s’asseoir
au salon, je lui préparerai un café, Nancy le lui apportera sur un plateau
comme elle aime à le faire, et il s’écriera Quel bon café ! Et, à la nuit, les vers
luisants apparaîtront dans le verger, et il y aura de la musique à la lueur de la
lampe. Jamie Walsh. Le jeune garçon à la flûte.
Je suis presque arrivée à la hauteur de Nancy, à l’endroit où elle est
agenouillée. Mais je ne romps pas le pas, je ne me mets pas à courir, je
continue à marcher deux par deux ; Nancy sourit alors, juste sa bouche, ses
yeux sont dissimulés par le sang et les cheveux, puis elle se disperse en
taches de couleur, voile de pétales en tissu rouge qui balaie les cailloux.
Je me cache les yeux derrière mes mains parce qu’il fait noir tout à coup
et qu’un homme apparaît, une chandelle à la main, qu’il me barre l’escalier
qui monte au rez-de-chaussée ; les murs de la cave m’entourent de partout et
je me rends compte que je ne sortirai jamais de là.
C’est ce que j’ai raconté au docteur Jordan quand nous sommes arrivés à
cette partie de l’histoire.
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